La ZAC Montières à Amiens a perdu les Docks, la Ruche, Yoplait, Cosserat, laissant 30 hectares qui font l’objet de convoitises et qui cachent 140 établissements employant 2 000 salariés.
La ZAC Montières a perdu gros et perdra encore avec Whirlpool. Mais elle compte des sites de pointe comme Scott Bader, Cimentub, Logigaz ou Ortec services et une multitude d’entreprises artisanales industrielles, du bâtiment ou de services. Et il faut penser qu’elle est en lien direct avec le quartier d’Étouvie », n’a de cesse de répéter Jean-Christophe Loric, adjoint au maire d’Amiens chargé de l’urbanisme.
Les 30 hectares de friches coupent cette ZAC – qui en fait au total 250 – du reste de la ville. Les combler devient une priorité. Et il y a des frémissements. Voici un point d’étape sur les trois sites formant cette zone.
1 Cosserat
Un joyau. En 1759, la manufacture royale de velours (Bonvallet) place Amiens au premier rang mondial en fabrication de velours d’ameublement Bohair, dit d’Utrech. Bonvallet est la première « start-up » de l’époque avec une impression en relief par cylindres en cuivre. Au 19e siècle, Eugène Cosserat développe le velours d’habillement et y gagne une renommée mondiale éblouissant Jules Verne avec ses 500 métiers à tisser. Le site ferme dans la douleur en 2012. La marque et les biens vont aux Allemands Criegee. Ils ont, depuis peu, accepté de vendre un site qui leur coûte en taxes. Le montant de 400 000 euros par an est avancé. La Métropole rénove de son côté la partie qui lui appartient déjà.
Car le site vit. Bleu de Cocagne récupère, rénove et fait fonctionner des métiers à tisser. Des ex-Cosserat ont leur petit musée. Des associations caritatives profitent des locaux. La manufacture royale de Germain Benoît y perpétue la tradition d’impression du tissu. Ce Maître gaufreur, imprimeur et façonneur de tissu travaille pour les adresses les plus prestigieuses.
L’architecte Philippe Blandin a signé une promesse d’achat à Criegee. Il a cofondé la société Velvet Factory « pour requalifier le site Cosserat de 24 000 m², classé monument historique, en un ensemble culturel et artistique ».
Il y a tout ici pour en faire un lieu branché : l’architecture et l’histoire de Cosserat, le rayonnement de Germain Benoît, les arbres, la Somme, l’Avre, la Selle, les maraîchers… « Dans ces très vastes espaces parfois monumentaux vont se développer des activités culturelles et artistiques, des activités artisanales et commerciales, des lieux de vie et de rencontre : ateliers d’artistes, habitations, showrooms, conservation d’art, restaurants, habitations, résidence étudiante, commerces, maison pour seniors, équipement public, spectacle, circuits courts, ferme urbaine, green-tech, coworking… », liste Philippe Blandin. Il attend les fonds d’un groupe canadien. La Métropole le suit mais ne cache pas qu’il va falloir conclure prochainement, ne fermant pas la porte à d’autres projets.
2 Espace Alliance
Les anciens abattoirs ont été construits par la Ville. Le site a été cédé au groupe Defial qui y exploitait également un magasin de viandes pour une clientèle professionnelle. Lorsque Defial est devenu Alliance, le groupe a fermé les abattoirs fin 2006. Le magasin Central frais est resté et s’est ouvert aux particuliers. Depuis, le groupe a requalifié les 5 hectares pour plus de 3 millions d’euros. On y trouve 3 000 m² de bureaux, des associations et entreprises sociales et solidaires, dont un restaurant, et du privé. Alliance y a aménagé son siège social, venu d’Ailly-sur-Somme abattoir, fermé en 2016 et qui employait 95 personnes. Une zone loisirs a vu le jour : Royal Kids, Lazer quest, Multiball… On compte 30 PME et 200 emplois, mais l’espace sature. Alliance est en négociation avec Immochamps (groupe Auchan-Mulliez) pour l’achat d’un ancien site historique de Montières : la Ruche Picarde. Logistique et extension de la zone loisirs sont les projets d’Alliance.
3 Orion et Step
Une verrue de 11 hectares. Une zone qui visuellement et structurellement éloigne Montières – sa zone d’activité de 2 000 salariés et son quartier d’Étouvie de 7 600 habitants – du reste de la ville. On y trouve d’abord le site baptisé Orion, un vieux feuilleton. Ici, sous Gilles de Robien, le projet de Zac Rives Somme a été pensé sur les anciens Docks Picardie-Normandie. Un écoquartier y a été présenté, mais tout a été annulé en 2011.
Très vite, le site a périclité. Ces immenses bâtiments de béton de plusieurs niveaux, dont des sous-sols, sont régulièrement dépouillés. Métaux, câbles, fonte, boiseries, toiture, Orion est aussi devenu un terrain de jeu d’amateurs de paintball, de photographes et de trafiquants. Enfin, le site a connu deux drames : deux suicides. La Ville a lancé une procédure sommant le propriétaire d’exécuter une mise en sécurité. Finalement, elle a repris la main en préemptant après une vente par adjudication. Mais le promoteur intéressé a fait appel. « Nous ne lâcherons pas. Nous voulons la maîtrise pour ne pas faire n’importe quoi », souligne Jean-Christophe Loric.
Ici, il attend beaucoup du concours Europan (lire ci-dessous) avec des logements, des équipements sportifs et le chemin du halage, qui offre un potentiel touristique. Il va être entièrement aménagé en Véloroute par le Département. Il constitue un lien direct avec le futur campus de la citadelle (4 000 étudiants) et le centre-ville. À cet endroit, le service de l’eau et de l’assainissement doit laisser la place à un skatepark indoor. La station d’épuration doit être complètement démantelée et nettoyée.
SOURCE : http://www.courrier-picard.fr/15953/article/2017-03-09/amiens-la-zac-montieres-prepare-sa-mutation